Quel est le meilleur petit-déjeuner ?
Quel est le meilleur petit-déjeuner ?

Quel est le meilleur petit-déjeuner ?

On nous a tellement inculqué que le petit-déjeuner était le repas le plus important de la journée qu’on ne se pose plus la question de sa véracité ou de son adaptation. Seule la teneur du petit-déjeuner suscite encore un questionnement fréquent. Mais c’est une bonne chose car de la digestion de notre petit-déjeuner dépend notre énergie pour le reste de la journée. Avant de s’interroger sur la teneur du petit-déjeuner, il convient d’étudier notre capacité (individuelle) à digérer.

La perte d'énergie

Il faut se rappeler que nous mangeons pour gagner de l’énergie, du prana. Et que l’action de digérer requiert beaucoup d'énergie. Selon le rapport ingestion/digestion, un repas peut donc nous faire gagner de l’énergie ou nous en faire perdre.
Le rapport ingestion/digestion est favorable lorsque les aliments ingérés sont plus faciles à digérer que ce que nous sommes en capacité de transformer. Il est neutre lorsque l’ingestion équivaut à la capacité digestive, et il est nocif lorsque l’ingestion dépasse en quantité ou en qualité ce que le système digestif est capable de traiter.
Le constat clinique est sans appel, la plupart des gens perdent de l’énergie au petit déjeuner, et ils n’en sont pas conscients.

Il faut savoir que la quantité de nourriture par repas doit être inférieure à la taille de notre estomac, correspondant à l’espace créé par nos deux mains lorsque nous les joignons comme pour recevoir une offrande (anjali mudra ouvert), c’est peu. Certes l’estomac est extensible mais pour son fonctionnement optimal, il requiert un espace vide - comme une machine à laver. Alors dans l’évaluation du rapport ingestion/digestion, la quantité est un critère primordial. Vient ensuite la question de la qualité du petit-déjeuner, à laquelle nous reviendrons.

Comment évaluer notre capacité à digérer ?

C’est assez simple en réalité, car l’univers dans sa grande intelligence à configurer dans notre corps un système d’alarme qui nous avertit lorsque notre capacité digestive est optimale : c’est la faim ! Oui, c’est seulement quand nous avons faim que notre corps est prêt à recevoir de la nourriture. Cela peut paraître évident, pourtant il ne fait aucun doute qu’une majeure partie de la population française mange son petit-déjeuner sans réel appétit, seulement pour répondre à l’injonction “le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée”. On nous a mis en tête que sans petit-déjeuner on n’allait pas tenir jusqu’à midi alors on mange par anticipation, et parfois vous faites l’expérience de ne pas tenir jusqu’à midi même avec un petit-déjeuner, et cela n’est pas de l’appétit mais de l’hypoglycémie provoquée justement par une ingestion excessive et matinale de sucre.

La capacité digestive optimale peut être forte ou faible en fonction de la personne, mais la faim vous dit quand, dans ce système digestif plus ou moins en forme, il est temps d’apporter de la nourriture.

Manger par anticipation est le meilleur moyen d’affaiblir notre système digestif, le second moyen est de ne pas manger quand on a faim. Le temps est la troisième mesure en Ayurvéda dans ce rapport ingestion/digestion.

Le dîner de la veille

Si la plupart des gens ont envie de manger un petit-déjeuner, rares sont ceux qui ont réellement faim. Effectivement notre culture et nos activités nous contraignent à dîner parfois trop tard, parfois trop lourd, et souvent les deux. Comme notre ventre est au repos lui aussi quand nous dormons, cela implique qu’au réveil la digestion n’est pas terminée, que le ventre est encore plein du repas de la veille et qu’il ne peut donc pas manifester la faim. Il est préférable alors de ne pas déjeuner. Si vous n’avez pas faim, cela ne signifie pas que vous devez sauter votre rituel matinal ; non, prenez ce temps pour vous, lisez votre journal, dégustez une tisane, contemplez le jardin, profitez de ce temps pour réellement prendre du plaisir.

Femme souriante qui est dehors avec son casque sur les oreilles et une tasse de café en mains

Nous sommes souvent attachés au petit-déjeuner, c’est un moment plaisir, de détente, voire de gourmandise. Mais posez-vous la question honnêtement : à quel point votre habitude matinale est-elle favorable à votre santé et à votre longévité ? Il est possible que vous ayez faim et que votre alimentation soit saine, bien-sûr. Mais bien souvent le premier repas de la journée est une hérésie. Il commence notamment avec un café ou un jus de fruit !

La meilleure boisson et la seule boisson pour assurer le confort de notre corps, et par extension celui de notre mental, au réveil est : l’eau chaude. Pendant la nuit, le corps fait son petit ménage, et au lever apporter un verre d’eau chaude vient comme finaliser cette étape décisive de notre régénération. Cela favorise l’élimination des toxines et des selles. Le jus de fruit, surtout quand il est industriel, peut agresser des muqueuses déjà sensibles. Le café est un stimulant nerveux, il vous empêche de percevoir votre fatigue mais ne la diminue pas, c’est avec une infusion ou une chicorée qu’on accompagne un petit déjeuner, idéalement.

Quel est le meilleur petit-déjeuner ?

Si nous avons rempli les conditions préalables que sont la faim et le verre d’eau, auxquelles nous pouvons ajouter l’hygiène buccale, alors intéressons-nous à la qualité de la nourriture. Si vous avez faim, en fonction de votre système digestif, de votre constitution et de vos éventuels déséquilibres, certains petits-déjeuners seront plus adaptés que d’autres. Mais de manière générale, rappelons-nous que les normes culturelles ne sont pas nécessairement bonnes pour notre organisme.

Comme les autres repas, le petit-déjeuner doit nous apporter de la vitalité, c’est-à-dire des aliments riches en prana. Ces aliments ce sont les végétaux (fruits, légumes, céréales) et moins ils sont transformés, plus ils contiennent de vitalité. Pour une personne avec une tendance Pitta, un grand plat de fruits sera un excellent choix. Pour une personne avec une tendance Kapha, un bouillon de légumes épicé est idéal. Et pour une personne avec un tendance Vata, un porridge constitue une parfaite option. En réalité, le porridge est une bonne option pour tout le monde : en faisant cuire des flocons d’avoine avec de l’eau et des épices (cannelle, fenouil, cardamome, gingembre, etc.) on obtient un met à la fois très doux et très digeste. On peut l’accompagner de pommes cuites ou de fruits séchés réhydratés. Un chai latte (boisson chaude à base de lait, de thé noir, de sucre et d’épices) est aussi une boisson réconfortante qui apporte un petit bonheur matinal sans être trop complexe à digérer grâce aux épices.

Et si vous préférez le salé, encore mieux ! Faites de votre petit-déjeuner un vrai repas, pas une intoxication de viennoiseries et autres graisses saturées. Par exemple, mieux que des œufs brouillés mais avec la même texture, vous pouvez cuire du tofu soyeux avec des champignons ou un poireau, et du curcuma pour la couleur jaune d’œuf. Vous pouvez aussi très bien manger une salade, ou même un kichari (plat indien végétarien), si vous avez réellement faim. Ainsi vous démarrez la journée avec les micronutriments nécessaires au bon fonctionnement de votre organisme. En revanche, si vous mangez cela sur un système digestif affaibli ou avant qu’il n’ait manifesté la faim, vous n’en retirerez pas les bénéfices et serez alourdi avant même d’avoir commencé la journée.

L'influence des doshas

Le matin de 6h à 10h est un horaire où kapha est dominant dans l’univers et donc en nous. Ce dosha étant lourd et lent, on veut mesurer notre besoin de lourdeur et agir en conséquence. Si vous avez besoin de calme et d’onctuosité pour apaiser Vata, alors choisissez un petit déjeuner confortable et doux. Si vous avez besoin de stimuler un Kapha déjà trop stable, plutôt que de prendre vingt minutes pour déjeuner, peut-être que des étirements sur votre tapis de yoga ou une promenade vous seraient plus bénéfiques. Et nous sommes changeants, et les saisons changent aussi, alors ce n’est pas parce que j’ai tel besoin aujourd’hui qu’il sera le même la semaine prochaine ou le mois prochains. La clé est dans l’expérimentation, l’observation et la flexibilité.

Avant même de commencer la journée et de penser à ce petit-déjeuner idéal, prenons quelques minutes pour nous observer : observer notre mental qui reprend conscience, observer notre corps qui s’étire, observer notre visage qui montre la fatigue ou pas, observer notre langue qui est le reflet de notre santé intestinale. Prendre le temps de se connecter à soi avant de se reconnecter au monde est le meilleur petit déjeuner.

Lucie João

Praticienne en Ayurveda

www.ayurveda-auquotidien.com

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