Passage Brady, un petit bout d’Inde au cœur de Paris
Passage Brady, un petit bout d’Inde au cœur de Paris

Passage Brady, un petit bout d’Inde au cœur de Paris

En passant près du passage Brady, dans le Xème arrondissement de Paris, c’est votre nez qui vous fait tourner la tête. Les effluves d’épices viennent vous cueillir sur le trottoir pour vous entraîner sous la verrière d’une allée piétonne aux mille couleurs. Quelques pas dans ce lieu mythique de la capitale et Patricia et Marissamy, son époux, vous ouvrent en grand les portes de leur boutique. Bienvenue chez Velan. 

Chez Velan, c’est une affaire de famille. Aujourd’hui, c’est Delia, Patricia et Marissamy qui tiennent la boutique, mais à l’origine, c’est le père des deux sœurs qui a ouvert le magasin. Patricia se souvient : quand elle était petite, elle faisait du vélo dans ce passage Brady mal éclairé. Ses parents venaient alors d’ouvrir l’épicerie Murugan, un lieu essentiel pour tous les Indiens de Paris. 

C’est un peu par hasard qu’Antoine Ponnoussamy a noué le destin de sa famille à celui de la France. En effet, il est arrivé sur le territoire en 1968. Cette année-là, le patriarche est alors cuisinier chez le consul de France à Pondichéry. Quand le diplomate quitte l’Inde pour revenir à Paris, il propose à Antoine de l’accompagner. Le père de Delia et Patricia découvre alors la capitale et invite sa femme Rani et sa fille Delia à le rejoindre. Patricia naîtra un peu plus tard.  

Antoine prend conscience qu’à Paris, il est extrêmement difficile de se procurer les ingrédients pour cuisiner les bons petits plats de son pays natal, alors quand il découvre le passage Brady laissé à l’abandon, il décide d’y ouvrir la première épicerie indienne : Murugan.

Le nom de ce Dieu lui portera chance puisque l’épicerie prospère. Les épices y côtoient le riz, les tisanes et autres ingrédients culinaires venus du sous-continent, pour le plus grand plaisir des Indiens installés dans la capitale, qui peuvent désormais retrouver les saveurs de leur pays d'origine. 

Quatre ans après l’ouverture de Murugan, Antoine revient à ses premières amours, la cuisine. Il ouvre alors le Pondichéry en face de sa boutique. Et en 1996, c’est l’épicerie Velan qui voit le jour, pour compléter la première, devenue trop petite. Les cosmétiques et l’artisanat étoffent les étalages et c’est aujourd’hui près de 6000 références qui sont proposées !

Velan est devenu une véritable institution : le plus ancien et le plus important commerce de ce passage Brady qui a multiplié les boutiques et les restaurants. Tous ces commerces se réfèrent à l’Inde. Et dans ces lieux à l’aspect de bout du monde, la famille poursuit l’œuvre d’Antoine, disparu le 28 octobre 2017 à l’âge de 80 ans. Venir chez Velan, c’est s’offrir un voyage en inde pour le prix d’un billet de métro reconnaissent volontiers les visiteurs !

Avec une clientèle fidèle, presque des amis, Delia, Patricia et Marissamy, son époux, commencent à mettre au travail leurs enfants, la troisième génération ! Au milieu des restaurants, des couleurs de l’artisanat indien et des parfums d’épices, toute la famille a maintenant développé des espaces beauté et bien-être ; cette équipe soudée ne manque jamais d’idées pour faire prospérer l’entreprise d’Antoine Ponnoussamy !

A propos de Pondichery

Ville historique de l’Inde, Pondichery s’appelait à l’origine Vhedapuram ou Vedhapuri, soulignant ainsi que le lieu était consacré à l’étude et à la diffusion des Vedas, textes fondateurs de l’Ayurveda. Située sur la côte au Sud-Est de l’Inde, la ville a longtemps subi tour à tour les influences de l’Angleterre et de la France. 

En 1673, alors que la région est essentiellement occupée par les Hollandais, la Compagnie française des Indes achète un petit village côtier au sultan de Bijapur et en fait la figure de proue de son commerce en Inde. Il s'agit de Pondichery. Or les Hollandais puis un peu plus tard les Anglais, voient d'un mauvais oeil les Français s'installer et déclenchent des batailles pour récupérer la ville. Même si les Français luttent pour conserver ce territoire économiquement très intéressant, ils finissent par le perdre et les Anglais prennent la ville et la rasent en grande partie le 16 Janvier 1761.

La France ne récupérera son comptoir qu'après la signature d'un traité en 1765. Pourtant ce n'est qu'en 1816 que les Français en auront le contrôle total, mais ils ne retrouveront jamais la gloire d'antan.

Après l’indépendance de l’Inde, la France accepte la cession de ses enclaves, et en 1954, le drapeau indien flotte sur Pondichéry.  Enfin, en 1962, le traité de cession avec l’Inde est signé. Il prévoit le maintien d’une présence française et le droit pour les Pondichériens d’opter pour la nationalité française. Un peu moins de 7% des ayant-droit vont le faire. Aujourd’hui la ville compte près de 250 000 habitants (mais l’agglomération frise le million de résidents). La langue française y est toujours largement enseignée.

Pondichéry est désormais une ville très visitée par les touristes et les Indiens eux-mêmes disent « qu’il n’y a pas grand-chose à voir, mais beaucoup à ressentir ».

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