Syndrome prémenstruel et Ayurveda
Syndrome prémenstruel et Ayurveda

Syndrome prémenstruel et Ayurveda

Ah le fameux syndrome prémenstruel ou SPM… Ballonnements, troubles digestifs, acné, bouffées de chaleur, maux de ventre ou crampes, seins douloureux, migraines ou encore irritabilité, colère, anxiété, insomnies…
Bref, on ne le présente malheureusement plus.
 

Entre 20 et 40 % des femmes en âge de procréer seraient, en effet, touchées par ces « difficultés prémenstruelles », comme préfère les qualifier le Vaidya Atreya Smith dans son livre L’Ayurveda pour les femmes.

Comprendre les influences de la phase prémenstruelle

En Ayurveda, la phase prémenstruelle est dominée par Pitta Dosha (éléments Feu et Eau) qui régit le principe de transformation.

Après l’ovulation, l’ovocyte expulsé fait son chemin à travers la trompe de Fallope à la recherche d’une éventuelle rencontre avec un spermatozoïde.
De son côté, le follicule ovarien qui le contenait se transforme en corps jaune et commence à sécréter de la progestérone (hormone) pour préparer la fécondation, la nidation et la gestation.

Pitta augmente alors permettant à l’endomètre ou muqueuse utérine de se gorger en vaisseaux sanguins et fait grimper la température du corps de la femme. La chaleur s’accumule ainsi dans le sang et le foie, et le ressenti interne au niveau du vagin s’assèche.

Au bout de quelques jours, et en absence de fécondation, la femme vit alors physiologiquement un petit deuil : le corps n’a pas rempli sa fonction et doit faire face à cette réalité, même s’il n’y avait aucun désir de grossesse.

C’est ainsi que Pitta va commencer à diminuer progressivement. Avec lui, le corps jaune dégénère et les taux d’hormones (oestrogènes et progestérone) se mettent à chuter.

Vata Dosha (éléments Éther et Air), qui régit le principe de mouvement, augmentera alors de plus en plus et finira par déclencher les saignements utérins, marquant le début de la phase menstruelle.

Comprendre l'équilibre Prana-Apana, facteur clé d'un cycle menstruel en pleine santé

Les difficultés prémenstruelles (et menstruelles) impliquent presque toujours une perturbation de Vata Dosha qui peut finir par déranger les fonctions de deux autres Doshas, Pitta et Kapha, s’il n’est pas remis en équilibre de santé.

Mais pour vraiment comprendre l’origine de ces troubles, il est important d’introduire ici la notion d’équilibre entre Prana et Apana Vayu, qui constituent nos deux principaux souffles vitaux.

En effet, l’Ayurveda et le Yoga considèrent que le corps subtil est nourri par cinq courants d’énergie vitale ou cinq « souffles » nommés Vayu en sanskrit. Ils circulent et œuvrent dans le corps à travers leurs fonctions distinctes, et selon leurs localisations.

Ainsi, le premier qui nous intéresse est Apana Vayu, siège de la constitution Vata. C’est celui qui se dérègle le plus fréquemment pour les personnes de constitution Vata ou en déséquilibre Vata.

Apana Vayu est la force qui dirige l’énergie vitale vers le bas représentant son pôle de sortie vers l’extérieur, par une action d’élimination. Il agit entre la région pelvienne (vessie, rectum, anus et organes internes de la reproduction) et le nombril. Il régit les mouvements d’expulsion du corps : expiration, défécation, miction, menstruation, évacuation du liquide de reproduction et accouchement pour les femmes, éjaculation pour les hommes, ainsi que l’absorption au niveau du côlon.

Le second est Prana Vayu. Il correspond à l’énergie d’inspiration et au pôle d’entrée de l’énergie vitale vers l’intérieur, par une action de réception. Il agit dans la région de la tête, des poumons et du thorax. Il régit la respiration, la vitalité et l’ingestion de la nourriture (physique, émotionnelle et mentale) mais également l’admission d’énergie par la perception sensorielle.

Image représentant un schéma explicatif de ce qu'est le prana-apana en Ayurveda.

Leur équilibre, c’est-à-dire un état où chacun de ces deux souffles fonctionne de manière optimale n’étant soumis à aucune distraction, apporte l’harmonie et la paix, soutenant le parfait « équilibre budgétaire d’énergie vitale ».
Or s’il y a du stress dans le quotidien, des perturbations, des charges physiques et/ou mentales excessives, alors Prana Vayu puise dans la réserve d’Apana Vayu pour se réalimenter en remontant l’énergie vers le haut, ce qui affaiblit Apana causant alors un autre affaiblissement à son tour.

L’équilibre Prana-Apana est alors perturbé, diminuant les réserves de l’énergie vitale dans Apana Vayu, et entraînant ainsi des perturbations notamment dans la zone du bas du ventre et du bas du dos.

Comprendre l'importance du rythme de vie

À présent, nous comprenons plus facilement l’implication du stress dans la gravité de ces difficultés prémenstruelles, d’où l’importance de gérer son niveau de stress comme première intention.

Pour cela, n’hésitez pas à ralentir le rythme de vos activités, à éviter les situations pouvant créer de l’anxiété ou de la charge mentale, à alléger l’agenda professionnel et personnel en mettant l’accent sur des activités physiques plus douces comme le Yoga, la méditation, la nage ou encore toute activité qui pourrait vous inviter à développer plus d’écoute intérieure, de connexion à votre intuition et votre créativité.

En cas de manifestation de SPM, il est également primordial de commencer par rechercher des indications du corps et du mental pouvant montrer des déséquilibres de Vata : anxiété, nervosité, troubles de la concentration, sécheresse du corps, constipation ou alternance diarrhées-constipation, raideur, insomnies ou troubles du sommeil, gaz non odorants, crampes abdominales, douleurs en bas du dos…

Ainsi :

  • Garder une régularité au niveau des horaires de vie (lever, coucher et heures des repas)
  • Réduire le temps passé devant les écrans surtout le soir
  • Passer plus de temps dans la Nature et s’accorder du repos
  • Éviter les produits alimentaires transformés et les excitants (alcool, café, thé…)

Cela pourrait déjà faire des miracles !

Plus globalement, et selon Vaidya Atreya Smith dans son livre L’Ayurveda pour les femmes, il est intéressant de prendre en compte la présence d’éventuelles tensions au niveau des relations affectives ou sexuelles qui pourraient alors perturber le système endocrinien (hormonal) et la région d’Apana Vayu.

Privilégier une relation aimante avec soi et l’autre serait ainsi le meilleur des remèdes pour beaucoup de déséquilibres.

Nous verrons dans le prochain numéro comment apaiser ces déséquilibres en fonction de l’implication des différents Doshas, avec des conseils spécifiques d’hygiène de vie et d’alimentation. En attendant, n’hésitez pas à consulter un(e) professionnel(le) pour vous aider au besoin.

Photo de l'auteure de l'article, Juliette Roisin

Juliette Roisin

Praticienne en Ayurveda.

Professeure de Yoga & Yogathérapeute.

Spécialisée en gynécologie, équilibre hormonal et fertilité des couples.

www.yoga-ayurveda.fr | Instagram : @juliette_yoga.ayurveda | Facebook : @Juliette Roisin - Yoga & Ayurveda

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