Lorsque septembre s’installe, il ne vient pas seul.
Il amène avec lui le souffle plus sec du vent d’est, les to-do lists qui s’allongent, les réveils qui sonnent plus tôt, et cette étrange nostalgie d’un été qui file.
Dans le corps et dans l’esprit, c’est Vata qui commence à s’agiter, même si Pitta n’a pas encore totalement déposé les armes.
Ce double mouvement — accélération mentale, retour des exigences, et tensions saisonnières — fait de la rentrée un moment aussi puissant que délicat.
C’est le moment parfait pour s’ancrer intelligemment, afin de ne pas s’épuiser avant même que l’hiver arrive.
La rentrée avec les yeux de l’Ayurveda
Selon l’Ayurveda, chaque saison a sa propre dynamique énergétique.
Septembre et octobre sont des mois de transition entre feu et vent, entre l’intensité solaire de Pitta et la mobilité insaisissable de Vata.
C’est une période qui pousse à reprendre le rythme, à se structurer, à concrétiser ce qui a mûri pendant l’été… mais aussi à prendre soin du système nerveux, car le vent extérieur — et intérieur — risque de disperser les plus belles intentions.
Connaître son feu intérieur pour mieux le canaliser
- Les Vata, aux mille idées et à l’élan naturel, peuvent se sentir très inspirés au retour de vacances… mais rapidement débordés. Ils ont besoin de routines claires, d’horaires fixes, de pauses nourrissantes, et d’un minimum de 7 heures de sommeil chaque nuit.
- Les Pitta, stratèges et focalisés, veulent optimiser leur rentrée à la minute près. Mais le feu peut vite monter trop haut : maux de tête, irritabilité, insomnie. Ils gagnent à ralentir volontairement, à se connecter à la nature, à garder de l’espace dans leur agenda pour… rien.
- Les Kapha, plus stables, redoutent parfois le retour du rythme rapide. Ils prennent du temps à se remettre en route. Ils ont besoin de stimulation joyeuse, de mouvement chaque matin, et d’objectifs simples.
Travailler en respectant les rythmes naturels
L’Ayurveda nous enseigne une chronobiologie sacrée.
Chaque moment de la journée a son énergie dominante : Kapha, Pitta ou Vata.
Et chaque type d’activité peut s’y accorder harmonieusement.
- Le matin (6h–10h), Kapha règne. Le moment idéal pour structurer, planifier, ancrer.
- De 10h à 14h, l’énergie de Pitta soutient la stratégie, la concentration, les tâches exigeantes.
- L’après-midi (14h–18h), Vata s’éveille, apportant créativité, mobilité, légèreté.
Inscrire son travail dans ce rythme, c’est travailler avec la nature, et non contre elle.

Rituels d’ancrage pour ne pas s’épuiser
Contre le burn-out automnal, ce moment où le feu intérieur s’épuise à vouloir trop bien faire, l’Ayurveda propose de petits rituels puissants :
- Le matin, offre-toi 10 minutes de silence ou de mantra. Un automassage rapide à l’huile de sésame, puis une boisson chaude aux épices douces réveille le corps sans brusquer.
- À midi, accorde-toi une vraie pause. Respire profondément, mange sans écran, et sens ce que tu digères — dans l’assiette comme dans ta tête.
- Le soir, ralentis. Masse tes pieds. Bois une tisane calmante. Éteins les lumières froides. Ferme les boucles ouvertes. Honore la fin du jour.
Nourrir le mental sans l’alourdir
Le cerveau, en Ayurveda, n’est pas séparé du feu digestif.
Pour penser clair, il faut digérer clair.
Mais aussi nourrir les tissus subtils, et en particulier ojas, cette quintessence de vitalité stable et rayonnante.
Quelques alliés végétaux et adaptogènes peuvent soutenir cette clarté :
- Brahmi et gotu kola, deux plantes ayurvédiques du mental, comparables à notre romarin européen, qui stimule la circulation cérébrale tout en calmant le feu.
- Tulsi, plante sacrée du recentrage, associée à la mélisse ou à la lavande pour apaiser les tempêtes internes.
- Ashwagandha, grande tonique adaptogène, peut être alternée ou associée avec aubépine (soutien du cœur) ou rhodiole (résilience nerveuse et émotionnelle).
Ces plantes peuvent être infusées, ou prises en poudre, selon la constitution et les besoins.
Mini-diète de recentrage pour Vata-Pitta
Parfois, dès la rentrée, on se sent déjà « trop plein »…
Trop de stimulation, trop de sucre d’été, trop de café, trop de sollicitations mentales.
Pour revenir à soi sans violence, l’Ayurveda propose des mini-diètes de recentrage.
Protocole simple de 3 jours :
- Matin : compote tiède de pommes aux épices + eau chaude.
- Midi : kitchari nourrissant (riz-mung, cumin, curcuma, ghee, coriandre).
- Soir : soupe légère de légumes racines ou bouillon épicé.
- Dans la journée : infusions digestives (gingembre doux, fenouil, tulsi) + triphala le soir.
- Et chaque jour : silence numérique 1h, bain de pieds chaud, respiration lente.
Résultat : clarté mentale, apaisement digestif, retour au centre.
Encadré spécial : Le bureau ayurvédique — espace et rituels
Et si ton espace de travail devenait un sanctuaire, plutôt qu’un accélérateur de stress ?
Voici quelques gestes simples pour créer un bureau plus sattvique, aligné avec ton énergie :
- Diffuse des huiles essentielles selon ton état du jour : lavande si le mental s’éparpille, orange douce pour éclairer, romarin si la tête est embuée.
- Intègre une plante vivante sur ton bureau (basilic, pothos, herbe sacrée) pour adoucir l’ambiance.
- Garde un objet rituel à portée de main : pierre, mantra, dessin inspirant, graine, pour te recentrer d’un regard.
- À l’entrée dans ton espace, prends une respiration consciente. À la sortie, récite intérieurement : Je quitte cet espace en paix.
- Et n’oublie pas… les fenêtres ouvertes, la lumière naturelle, et la tasse chaude sont les plus puissants remèdes.
Ojas et travail : nourrir au lieu de s’épuiser
Dans notre culture, le travail est souvent vu comme un coût, un effort, une ponction constante d’énergie vitale.
Mais l’Ayurveda nous propose un regard tout autre : et si le travail devenait une source de régénération ?
Quand je respecte mes rythmes, je produis de l’ojas.
Quand je me force à dépasser mes besoins, j’épuise ma lumière.
Ojas, cette essence subtile de tous les tissus, ne naît pas seulement de ce que l’on mange ou de la qualité de notre sommeil.
Elle se forme aussi dans la joie de faire ce qui a du sens, dans l’espace laissé à la respiration entre deux tâches, dans le soin que l’on porte à son feu intérieur.
Alors, à chaque moment de la journée, à chaque engagement, il devient précieux de se poser cette question simple et puissante : « Ce que je fais me nourrit-il, ou me vide-t-il ? »
Non pour culpabiliser. Mais pour sentir.
Sentir ce qui, dans notre manière de travailler, peut redevenir vivant, fluide, aligné.
Rituel : bénir l’action, bénir la journée
Avant de commencer une tâche importante, ou en ouvrant la journée de travail, on peut prononcer une bénédiction silencieuse — laïque ou sacrée — pour redonner à l’action sa dimension sacrée.
Affirmation positive (à dire à voix basse ou intérieurement) :
« Que mes actions soient justes et alignées.
Que ce que je crée serve la vie.
Que je reste en lien avec mon souffle, même au cœur du mouvement. »
Mudrā conseillé :
- Anjali Mudrā (les deux mains jointes au cœur), quelques secondes pour marquer l’entrée dans l’acte,
- ou Dhyāna Mudrā (les mains posées l’une sur l’autre dans le giron), pour ouvrir un espace de conscience avant de commencer à créer.
Ces gestes, ces phrases, ces pauses infimes…
Ce sont elles qui tissent une nouvelle écologie du travail, où le faire ne s’oppose plus à l’être, mais l’honore.
Un espace où chaque action juste devient génératrice de clarté, de paix — et d’ojas.
Une rentrée en conscience
Et si tu faisais de ta rentrée non pas une performance, mais une pratique vivante d’équilibre ?
L’Ayurveda n’est pas là pour t’obliger à faire plus, mais pour t’aider à faire mieux, en respectant le vivant en toi.
Travailler selon sa constitution, c’est cultiver un feu durable, joyeux et centré.
C’est aussi une révolution douce : celle de ne plus s’aligner uniquement sur le monde extérieur, mais de suivre enfin le rythme intérieur, la pulsation juste, le souffle vrai.

Eloïse Figge
Praticienne en Ayurveda.
Email : eloise.ayurveda@gmail.com
Téléphone : + 33 6 52 00 30 84
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