Prendre soin de ses articulations en automne-hiver avec l’Ayurveda
Prendre soin de ses articulations en automne-hiver avec l’Ayurveda

Prendre soin de ses articulations en automne-hiver avec l’Ayurveda

Lorsque les feuilles tombent, que le vent se lève et que le froid s’installe, notre organisme entre dans une période de transition profonde. L’automne et l’hiver ne sont pas de simples saisons météorologiques : pour la sagesse ayurvédique, elles marquent un changement d’énergie, une invitation à ralentir, à se recentrer, et à renforcer nos bases physiques et émotionnelles.


Mais pour beaucoup, cette période s’accompagne aussi de raideurs, de douleurs articulaires, de sécheresse corporelle et de fatigue accrue. L’Ayurveda nous enseigne que ces désagréments ne sont pas une fatalité, mais le reflet d’un déséquilibre des doshas — ces forces vitales qui orchestrent notre santé.

L’automne selon l’Ayurveda : la saison de Vata

Dans la vision ayurvédique, l’automne correspond à la saison de Vata dosha, composé des éléments air et éther. C’est une période caractérisée par la fraîcheur, la légèreté, la mobilité et la sécheresse. Ces qualités, lorsqu’elles deviennent excessives, se traduisent dans notre corps et notre esprit : peau sèche, sommeil léger, digestion irrégulière, pensées dispersées… et bien sûr, douleurs et raideurs articulaires.

Les articulations, régies par Vata, sont particulièrement sensibles à cette instabilité. Le froid et le vent pénètrent facilement dans les espaces articulaires, provoquant sécheresse synoviale et inconfort mécanique. En hiver, ce déséquilibre peut s’accentuer : le froid aggrave encore la raideur, et le manque de mouvement dû au repli saisonnier fige davantage l’énergie.

Ainsi, l’automne-hiver devient une période propice aux déséquilibres de Vata : douleurs diffuses, craquements, troubles du sommeil, anxiété et fatigue nerveuse.

Quand Vata s’installe dans les articulations : comprendre le déséquilibre

Les douleurs articulaires ayurvédiques (appelées Sandhivata) résultent d’un excès de sécheresse et de froid dans les tissus articulaires. Vata, par nature mobile et léger, s’infiltre dans ces zones et y perturbe la lubrification naturelle. Le corps devient alors un terrain propice à l’usure, à la raideur et à l’inflammation.

Les signes caractéristiques d’un déséquilibre de Vata dans les articulations sont :

  • Des douleurs migrantes, qui changent de place selon les jours.
  • Des craquements et une sensation de vide dans les articulations.
  • Une aggravation des symptômes au froid, au vent ou après un effort excessif.
  • Une amélioration notable avec la chaleur, le repos et l’onction d’huiles.

Pour apaiser Vata, il faut ramener de la chaleur, de la stabilité et de la douceur dans le quotidien. Cela passe par la nourriture, les routines, les plantes et la manière d’habiter son corps.

Cultiver une routine ayurvédique adaptée à l’automne-hiver

L’Ayurveda enseigne qu’une bonne santé repose avant tout sur la régularité et l’écoute du rythme naturel. En automne-hiver, la clé est d’adopter une routine (ou Dinacharya) qui ancre et réchauffe.

1. Commencer la journée en douceur

Évitez les réveils brusques. Accordez-vous un moment de calme pour respirer, méditer ou pratiquer quelques étirements doux (yoga de type Hatha ou Yin). Le mouvement lent lubrifie les articulations et réveille les tissus sans agresser Vata.

2. Pratiquer l’Abhyanga, le massage à l’huile

C’est l’un des rituels les plus précieux pour cette saison. Chaque matin ou quelques fois par semaine, massez votre corps avec une huile de sésame tiède, réputée pour sa chaleur et sa capacité à apaiser Vata.
L’Abhyanga nourrit la peau, lubrifie les articulations, calme le système nerveux et renforce l’immunité. Quelques gouttes d’huile de ricin ou de Mahanarayan peuvent être ajoutées pour une action plus ciblée sur les douleurs.

3. Adopter une alimentation réchauffante et nourrissante

Les aliments secs, crus ou froids aggravent Vata. L’automne-hiver demande des plats onctueux, gras et chauds : potages, kitchari, légumes racines, ghee, lait d’amande chaud aux épices.
Les épices comme le gingembre, la cannelle, le cumin et la cardamome favorisent la digestion et la circulation.

4. Maintenir la chaleur intérieure

Le feu digestif (Agni) est souvent affaibli en automne. Buvez régulièrement des infusions tièdes à base de gingembre, tulsi ou fenouil. Portez des vêtements chauds, évitez l’exposition au vent, et privilégiez le repos.

5. Apaiser le mental

Vata influence directement le système nerveux. Pour calmer l’esprit, pratiquez la respiration profonde (Pranayama), la méditation ou la marche consciente. La paix intérieure se reflète dans la fluidité corporelle.

Les plantes alliées des articulations en automne-hiver

Certaines plantes, connues de longue date en Ayurveda, ont le pouvoir de nourrir les articulations, d’apaiser l’inflammation et de maintenir la souplesse des tissus. Parmi elles, deux se distinguent : le Boswellia Serrata et le Curcuma Longa.

Connu sous le nom sanskrit de Shallaki, le Boswellia Serrata est une résine issue d’un arbre originaire d’Inde et d’Afrique. Utilisée depuis des millénaires dans la médecine ayurvédique, elle est vénérée pour sa capacité à apaiser les douleurs articulaires, calmer les inflammations et restaurer la mobilité.

Principe actif et bienfaits

Le Boswellia contient des acides boswelliques, des molécules reconnues pour leur action anti-inflammatoire naturelle. Elles agissent en inhibant certaines enzymes responsables des réactions inflammatoires (notamment la 5-lipoxygénase). Contrairement aux anti-inflammatoires chimiques, le Boswellia n’irrite pas la muqueuse gastrique et préserve les tissus.

Dans la tradition ayurvédique, Shallaki est utilisé pour :

  • Soulager les douleurs liées à l’arthrose, aux rhumatismes et aux inflammations chroniques.
  • Renforcer la lubrification articulaire.
  • Réduire les gonflements et raideurs.
  • Favoriser la circulation énergétique dans les articulations.

Le Boswellia apaise principalement Vata et Kapha, en réduisant la stagnation et la sécheresse. Il soutient la vitalité des tissus osseux (Asthi Dhatu) et aide le corps à retrouver une fluidité naturelle.

Utilisation

On le retrouve sous forme de poudre, gélules ou extrait standardisé. En usage interne, il se prend généralement après les repas, accompagné d’un peu de ghee chaud ou de lait doré pour améliorer son assimilation. En usage externe, il peut entrer dans la composition d’huiles médicinales pour le massage.

Curcuma Longa – L’or de la terre

Le Curcuma Longa, ou Haridra en sanskrit, est l’une des plantes les plus célèbres de l’Ayurveda. Réputé pour sa couleur dorée et son pouvoir purifiant, le curcuma agit comme un véritable élixir de longévité. Il est particulièrement précieux pour les articulations, grâce à son action à la fois anti-inflammatoire, antioxydante et circulatoire.

Principe actif et vertus

Le principe actif principal du curcuma est la curcumine, un composé polyphénolique qui régule les médiateurs de l’inflammation. Elle aide à réduire les gonflements, la douleur et la rigidité articulaire, tout en soutenant le nettoyage des toxines (Ama) qui s’accumulent dans les tissus.

Dans la tradition ayurvédique, le curcuma :

  • Purifie le sang et renforce les tissus.
  • Soutient la digestion et le foie, favorisant une meilleure élimination des déchets.
  • Apaise Pitta et Kapha, tout en stabilisant Vata lorsqu’il est associé à une matière grasse.
  • Restaure la luminosité du corps et l’équilibre du mental.

Utilisation

Le curcuma se consomme sous forme de poudre, souvent intégré dans la cuisine quotidienne ou sous forme de complément. Pour une meilleure assimilation, il doit être combiné à une matière grasse (ghee, huile de coco) et une pointe de poivre noir qui multiplie l’absorption de la curcumine.

Une tisane de curcuma, gingembre et cannelle est un excellent remède ayurvédique pour réchauffer le corps, fluidifier les articulations et renforcer la digestion durant l’automne-hiver.

Un art de vivre qui relie le corps et la saison

Prendre soin de ses articulations en automne-hiver, ce n’est pas seulement prévenir la douleur. C’est honorer le rythme naturel du vivant. L’Ayurveda nous invite à vivre en harmonie avec les saisons, à écouter les besoins subtils du corps et à cultiver la stabilité dans un monde mouvant.

En nourrissant nos tissus par l’huile, la chaleur, la bienveillance et les plantes, nous restaurons la fluidité du mouvement — non seulement celui du corps, mais aussi celui de la vie.
L’automne et l’hiver deviennent alors non plus des saisons de repli, mais des périodes de régénération, où chaque soin, chaque respiration, chaque repas devient un acte de douceur envers soi.

Verified by MonsterInsights