Viruddha Ahara
Viruddha Ahara

Viruddha Ahara

Selon la médecine ayurvédique, certains aliments, s’ils sont combinés ensemble, vont avoir tendance à créer des troubles digestifs. Cette notion se nomme Viruddha Ahara.

 

L’Ayurveda nous explique que la source de toutes les maladies a pour origine un trouble dans le système digestif, siège des trois bioénergies (doshas) : Vata, Pitta et Kapha. De ce fait, elle a développé une compréhension très sophistiquée de la santé digestive ainsi que des facteurs pouvant potentiellement perturber la digestion.
Viruddha signifie « contraire », « antagoniste », « opposé », « dangereux », etc. Ces associations alimentaires se définissent comme les « ennemis » du corps, autant au niveau des doshas (bioénergies fonctionnelles) que des dhatus (tissus corporels).
Le texte classique : Caraka Samhita, expose les règles concernant Viruddha Ahara dans le Sutra Sthana, chapitre 26. Il nous enseigne alors que les mauvaises combinaisons alimentaires ont le désavantage de « provoquer » les doshas.
Ils sont alors « excités » au sein du corps et ne peuvent pas sortir de celui-ci, ce qui, à long terme, va perturber les dhatus (tissus) et la santé globale.

Le terme « utklesa » est ici utilisé pour désigner le fait que les doshas deviennent viciés. Ils s’éloignent de leur activité naturelle et fonctionnent alors moins bien.
Ce processus prend du temps à se mettre en place et, de ce fait, le teme « Viruddha » est régulièrement décrit comme un « poison lent » pour le corps.

Dans le texte de Caraka Samhita, on retrouve l’énumération de 18 types de viruddhas, comme par exemple :

  • Guna viruddha – combinaison contradictoire par les qualités ;
  • Samskara viruddha – combinaison contradictoire par la préparation ;
  • Samyoga viruddha – combinaison contradictoire par la nature des éléments combinés.

Samyoga viruddha est généralement le plus cité dans la communauté ayurvédique. On retrouve dans son spectre certaines des combinaisons principales à éviter, telles que :

  • Le lait et/ou la crème associés avec des poissons et/ou fruits de mer ;
  • Le lait et/ou la crème associés aux fruits acides ;
  • Le lait et/ou la crème associés à la viande ;
  • Le lait et/ou la crème associés au sel ;
  • Le ghee associé au miel en quantités égales.

On retrouve également d’autres viruddhas régulièrement cités dans la littérature ayurvédique :

  • Les fruits (frais) et tous les autres aliments (et oui, les fruits se consomment seuls) ;
  • Le miel chauffé à plus de 40°C ;
    Etc.
Photo d'une femme en extérieur assise sur un banc et qui se tient le ventre

Il est cependant important de noter que la perturbation liée à ce type de dérèglement aura tendance à se manifester seulement plusieurs mois après l’ingestion des substances. Une notion de quantité et de régularité est également importante ici. C’est surtout lorsque l’on consomme une association néfaste régulièrement (plusieurs fois par semaine) et sur le long terme (quelques mois) que les symptômes vont apparaître.

Si une personne ne consomme qu’occasionnellement une de ces mauvaises combinaisons (1 ou 2 fois par mois, par exemple), il y aura très peu de chances que cela vienne perturber le corps. Cette explication est, entre autres, sous-entendue dans la présentation des symptômes classiques associés à Viruddha Ahara, souvent de type chronique : « impuissance, maux de tête, délire, troubles chroniques de la peau, indigestion, acidité gastrique, rhinite, etc. ».

En plus de ces anciennes combinaisons « classiques », il me semble aujourd’hui important d’inclure dans la notion de Viruddha les associations et habitudes alimentaires néfastes présentes au sein de notre civilisation moderne.
Beaucoup d’ayurvédistes s’accorderont, je pense, à dire que les aliments ultra-transformés, les pesticides, le fast-food, les sodas, les sucres et farines raffinés, les graisses hydrogénées, les faux sucres, etc., sont aujourd’hui au moins aussi nocifs que les associations « classiques ».

Après avoir dépeint un tableau certainement peu attrayant pour une grande partie des gens (qui a envie qu’on lui dise que le combo figue fraîche et fromage ne se digère pas bien ?), voici maintenant quelques solutions proposées par les sages des temps anciens.

En effet, dans son livre, Caraka expose certains cas où la nourriture incompatible sera moins dangereuse pour la santé :

  • La pratique régulière d’exercices physiques ;
  • Les personnes jeunes et en bonne santé ;
  • Les personnes disposant d’un Agni (feu digestif) particulièrement puissant ;
  • Les personnes ayant un corps snigdha – avec une bonne lubrification générale de l’ensemble des dhatus (tissus).

Finalement, le traitement principal conseillé par l’Ayurveda sera une détoxification de l’ensemble de l’organisme via un Panchakarma (cure ayurvédique) ou par l’administration de plantes spécifiques au terrain de la personne. La prévention est également mise en avant. Il s’agira donc d’éviter de consommer régulièrement les incompatibilités alimentaires citées dans les textes (les principales étant mentionnées ci-dessus).

Si vous souffrez de troubles digestifs chroniques, il se pourrait que vous consommiez de manière régulière des aliments considérés comme incompatibles. La solution sera alors de prendre une consultation avec un thérapeute ayurvédique pour pouvoir discuter de votre situation et prendre les mesures appropriées.

Des cures régulières telles que des mono-diètes de quelques jours/semaines sont aussi des moyens simples et efficaces d’offrir l’espace nécessaire au système digestif pour qu’il puisse se nettoyer par lui-même. Actuellement, la cure de raisin est un must de la saison automnale, permettant de nettoyer le corps pour se préparer au mieux à l’hiver qui approche.

Photo portrait de Vincent Gagnière, auteur de l'article.

Vincent Gagnière

Médecine ayurvédique, nutrition, yoga-thérapie et massages au sol.

Email : vincent@karunatherapie.com

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