Une “juste” sexualité
Une “juste” sexualité

Une “juste” sexualité

Bien que la sexualité soit présente partout tout le temps, j’ai l’impression qu’on passe souvent à côté du sujet.


On parle de comment, quand et avec qui, mais on ne se demande pas pourquoi. “Pour le plaisir !” me direz-vous. Cela semble une évidence oui, mais si on transpose la question sur un autre sujet, la réponse doit s’élargir. Imaginez que je vous demande “Pourquoi mange-t-on?”, vous pouvez me répondre “Pour le plaisir !” mais alors vous voyez tout de suite qu’il y a une faille dans ce raisonnement : si on ne mange que pour le plaisir, on risque de tomber malade physiquement puis mentalement.


De la même manière, la sexualité peut être pratiquée en conscience afin d’en recueillir les bienfaits, ou elle peut être consommée pour le plaisir au risque de générer des déséquilibres.


Les sciences indiennes ont beaucoup exploré la question et ce qui a été retenu de cela en Occident est ambivalent : d’une part le tantra moderne qui concentre sa pensée vers la performance orgasmique, d’un autre côté l’idée de chasteté qui serait derrière le terme "brahmacharya" connu des yogis. D’un point de vue ayurvédique, une juste sexualité est facteur de juste santé, tout excès serait nocif, que ce soit le “trop” ou le “pas assez”. Comme toujours en Ayurvéda, les recommandations sont fonction de l’individu, du temps et de l’environnement. Mais ce qui ne varie pas c’est que rien de ce qui génère une contraction n’est bon. Si la chasteté émane d’une injonction plutôt que du cœur, elle va engendrer une frustration et des troubles physiques. Si l’orgasme est recherché à tout prix, il va générer les mêmes troubles, c’est un excès à doubles facettes.


Les manifestations d’un trouble résultant de la sexualité touchent les organes sexuels évidemment mais aussi le bassin, le système nerveux et l’immunité. L’endométriose, les douleurs lombaires ou la constipation sont parfois liées à une sexualité qui n’est pas épanouie.


La fertilité est en jeu aussi et c’est une des questions où l’Ayurvéda apporte des réponses précises à des incompréhensions modernes. Par exemple, pour assurer une semence qualitative, il est bon de ne pas la gaspiller. Les fluides corporels qui se mêlent pour engendrer sont construits dans un cycle vertueux de nutrition des tissus, dont la durée est de trente-cinq jours. C’est le délai de maturité de nos semences et celui de la juste éjaculation. Ceci est un des outils pour optimiser la fertilité, mais aussi la virilité.


Il existe de nombreuses considérations physiques, mais ce qui est le plus important, je crois, c’est de donner une orientation à notre désir. La “juste sexualité” n’est pas mesurable lorsqu’elle nous permet d’atteindre les mondes subtils, lorsqu’elle se dirige vers l’élévation. Quand l’étreinte est amour, elle honore le divin en nous et en l’autre. Cette rencontre de deux âmes individuelles par le corps est un moyen de vivre l’union avec l’âme universelle (yoga). Cet apparent paradoxe est transcendance, il est Shiva qui rencontre Shakti, il est Prakriti qui se voit dans Purusha.

Lucie João
Praticienne en Ayurveda
www.ayurveda-auquotidien.com

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